Armoiries de Marseille

En faisant des recherches sur le blason de la ville de Marseille, par un article du web je découvrais qu’il en existait une représentation, considérée comme la plus ancienne dans « le livre rouge ».

Une représentation du blason accompagne l’article :

– C’est une lithographie.

– Le blason est porté par deux personnages ailés, agenouillés sur une structure enguirlandées de feuilles de vigne.

On fait la relation avec le blason actuel, la croix de couleur claire sur fond blanc. Toutes les surfaces qui composent l’écu supportent un décor d’arabesques feuillues. Il s’agit d’une interprétation, je cherche donc à voir l’original du « Livre rouge ».

L’original du « Livre rouge » se trouve aux archives. Mais je ne pourrai le consulter, cet incunable précieux n’est plus mis à la disposition du public. Entièrement numérisé, Je pourrai cependant le visionner au MUCEM.

Ce que je vois sur l’écran me surprend vivement. Je suis tout de suite frappé par l’écu, croix bleue mais sur fond noir. L’image est abimée, les couleurs passées, sur l’ensemble de la composition. Et je suis captivé par les visages sur fond d’or: ce sont des noirs. Deux anges noirs portent les armoiries de Marseille. Cela ne correspond pas avec la reproduction de la page de l’encyclopédie. Je m’interroge. Peut-être les couleurs ont-elles virées ? Je ne trouve pas dans les pages suivantes d’autres scènes où les couleurs qui représentent des figures à la peau blanche auraient subi une telle détérioration. Je reviens à la page du blason et j’observe attentivement les visages de ces anges. Je distingue leurs traits, je ne doute plus de ce que je vois. C’est une surprise.

L’illustration de l’article est une falsification, empreinte d’une certaine vision.

Un enseignant chercheur dans le domaine des sciences de l’éducation, me transmettra l’information nécessaire à la consultation en ligne d’une revue . C’est la « Revue de Marseille » (1857), qui aura permis l’article du web.

Lithographie d’interprétation de la représentation originale en couleurs du «Livre rouge»

Peut-on voir ci-dessus des « cheveux longs et bouclés » auxquels le lithographe ajoutera la barbe ?

En 1857, après la conquête de l’Algérie, après la divulgation de la théorie de la hiérarchie entre les races, l’auteur de l’article pouvait-il accepter que sur la plus ancienne représentation du blason de Marseille, ce soit deux noirs qui le porte ?

Pour ma part, cette découverte me conforte dans cette manière de penser que la créolisation a une profondeur historique. Il s’agit alors de la révéler et de la porter à la conscience du plus grand nombre, notamment en réalisant les compositions qui suivent.

Mikaël ELMA